L'Asie suffoque : 3 questions sur la vague de chaleur "la plus extrême dans l'histoire du climat"

Publié le 1 mai 2024 à 12h42, mis à jour le 1 mai 2024 à 13h10

Source : JT 20h Semaine

Plusieurs régions d'Asie étouffent sous des températures extrêmes depuis plusieurs semaines.
Le Bangladesh a même vécu son mois d'avril le plus chaud jamais mesuré, avec des températures comprises entre 35 et 41°C.
Des vagues de chaleur qui deviennent plus intenses, plus longues et plus fréquentes en raison du changement climatique.

Des pointes à plus de 48°C. De nombreux pays d'Asie sont frappés, depuis mi-avril, par une vague de chaleur extrême. Selon le climatologue et historien Maximiliano Herrera, il s'agit même de "l'événement climatique le plus extrême dans l'histoire climatique du monde" avec des "centaines de records battus dans toute l'Asie". Des températures jamais vues sont mesurées essentiellement en Asie du Sud et du Sud-Est, entraînant d'importantes restrictions. TF1info fait le point sur cette vague de chaleur inédite, alimentée par le changement climatique dû aux activités humaines. 

Quelles sont les régions touchées ?

La chaleur frappe notamment les Philippines, la Birmanie, le Bangladesh, le Népal, le Cambodge, le Vietnam, l'Inde ou encore la Thaïlande, qui sont tous en alerte face à des températures supérieures à 40°C depuis des semaines. Selon les autorités thaïlandaises, dans le pays, 30 personnes sont mortes depuis le début de l'année en raison de ces températures trop élevées. Même le nord du Japon est touché, avec un mercure dépassant les 25°C ces derniers jours à Sapporo, soit du jamais-vu à cette période de l'année. 

Le Bangladesh, lui, a connu son mois d'avril le plus chaud jamais mesuré depuis le début des mesures, en 1948. Les écoles de tout le pays sont fermées, alors que le mercure ne devrait pas baisser avant jeudi. Selon le département de météorologie de Dacca, la température quotidienne du mois d'avril enregistrée entre 1981 et 2010 s'élevait à 33,2°C, tandis que cette année, les stations météorologiques réparties sur le territoire ont enregistré des températures supérieures de 2 à 8 degrés. Selon le département de la Santé, au moins 11 décès liés à cette chaleur extrême ont été recensés sur les 10 derniers jours.

Dimanche, la Birmanie a battu son record de chaleur pour une journée du mois d'avril, avec 48,2°C enregistrés dans la ville de Chauk, dans le centre du pays. Le mercure a atteint dimanche 44°C à Mandalay (centre), la deuxième ville du pays, et 40°C dans la capitale économique, Rangoun, selon des données officielles, soit, des températures supérieures, en moyenne, de 3 à 4 degrés aux normales de saisons. Même le Népal, pourtant perché en altitude dans la chaîne de l'Himalaya, a mis en alerte ses hôpitaux avec des pointes à 43°C enregistrées. 

Pourquoi une telle chaleur en avril ?

En général, en Asie du Sud et du Sud-Est, le mois d'avril est considéré comme l'un des plus chauds, alors qu'il précède la mousson ou la saison des pluies. Mais cette année, les températures sont largement supérieures aux normales. Selon les experts, ces records sont dus au changement climatique provoqué par nos émissions de gaz à effet de serre qui entraîne des vagues de chaleur plus fréquentes, plus intenses et plus longues à travers le monde. L'Asie est particulièrement concernée, puisque le continent se réchauffe plus rapidement que la moyenne, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM).

Par ailleurs, le phénomène climatique El Niño toujours en cours amplifie la hausse des températures cette année. "L'absence de nuages dans El Niño signifie que les températures sont susceptibles d'être plus élevées en moyenne", explique à l'AFP Milton Speer, météorologue et chercheur à l'Université de technologie de Sydney. À la surface de la mer, les températures sont actuellement supérieures de plusieurs degrés à la normale, "ce qui contribue à (les) maintenir plus élevées que la moyenne à l'intérieur des terres pendant la nuit" et donc à les voir "grimper à partir d'une base plus élevée" le jour, assure-t-il.

Les scientifiques pointent d'autres causes pour ces températures record : sur un continent où l'urbanisation est particulièrement développée, la déforestation qui réduit l'ombre et augmente la surface sèche et l'artificialisation des sols - avec du béton, du verre ou de l'acier qui absorbent la chaleur plutôt que de la réfléchir - augmentent encore la chaleur dans les villes. 

Est-ce que ça va durer ?

Selon les prévisions, les températures pourraient légèrement baisser jeudi au Bangladesh, le pays attendant toujours les habituels orages d'avril qui permettent de faire baisser le mercure. Ainsi, alors qu'il tombe en moyenne 130,3 millimètres de pluie en avril dans cet État d'Asie du Sud, cette année il n'est tombé, en moyenne, qu'un millimètre. Des précipitations qui devraient toutefois finir par arriver jeudi.

En Thaïlande, les prévisionnistes ont averti que les pluies annuelles ne pourraient intervenir que fin mai, soit avec plusieurs semaines de retard. Mais l'arrivée de la mousson ou de la saison des pluies pourrait ne pas avoir l'impact escompté sur la baisse du mercure dans la région. Selon Milton Speer, même lorsque cette période arrivera, la tendance au réchauffement se poursuivra. "Les vagues de chaleur continueront à se produire plus souvent parce que les océans et l’atmosphère se réchauffent progressivement en raison du réchauffement climatique", alerte-t-il, ce qui présente des risques pour les cultures et le bétail, ainsi que pour les humains qui travaillent à l'extérieur. 


Annick BERGER

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